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« VII. Récompensez, au contraire, ces gouverneurs qui ont empli leurs caisses, et au besoin faites-en des baronets[1].

« De cette façon, vous évitez qu’on vous adresse de nouvelles plaintes, vous encouragez les gouverneurs et les juges dans leur oppression et leur injustice ; vous rendez le peuple mécontent, vous l’outragez, et enfin vous le réduisez au désespoir.

« VIII. Si, lorsque vous êtes engagés dans une guerre, vos colonies rivalisent dans leurs offres d’hommes et d’argent, et vous donnent plus qu’elles ne peuvent le faire, réfléchissez qu’un penny pris de force est plus honorable pour vous qu’une livre sterling que vous offrirait leur bienveillance. Méprisez ces dons volontaires, harassez-les par de nouvelles taxes.

« Elles se plaindront à votre Parlement ; elles diront qu’elles sont taxées par un corps où elles ne sont pas représentées, et que cela est contraire au droit commun ; elles vous adresseront des pétitions pour vous demander justice.

« Qu’alors le Parlement se rie de leurs réclamations, qu’il rejette leurs pétitions, qu’il refuse même de les lire, qu’il traite les pétitionnaires avec le dernier mépris. Rien n’est préférable à ce moyen d’amener l’aliénation désirée. On oublie souvent l’injure, on ne pardonne jamais le mépris.

« IX. Quand vous aurez établi votre taxe arbitraire, ayez soin de la rendre plus vexatoire pour la province, en proclamant que votre droit n’a point de limites ; dites bien que, lorsque, sans le consentement des planteurs, vous leur prenez un schelling à la livre, vous avez clairement le droit de leur prendre les dix-neuf autres.

« Il est probable que, de cette façon, vous affaiblirez chez les colons toute idée de sécurité, en ce qui touche leurs biens ; vous les convaincrez que, sous un pareil gouvernement, ils n’ont rien qui soit vraiment à eux ; c’est là un sentiment qui

  1. Allusion au gouverneur Bernard.