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« Il y a quelques personnes, continue l’article, qui prennent cet édit pour un de ces jeux d’esprit où s’amuse le roi ; d’autres supposent qu’il est sérieux, et qu’il indique une querelle avec l’Angleterre ; mais toui sont d’avis que l’assertion finale « que ces règlements sont pris des actes du Parlement anglais concernant les colonies, » est une injustice, étant impossible de croire qu’un peuple distingué par son amour de la liberté, une nation si sage, si libérale dans ses sentiments, si juste et si équitable avec ses voisins, puisse céder à des vues étroites et fausses, tout sacrifier au misérable profit de l’heure présente, et traiter ses enfants de façon aussi arbitraire et tyrannique. »

Franklin est tout entier dans ce morceau : malice ingénieuse, bonhomie plus apparente que réelle, au fond, satire amère. Mais cherchez ce qui manque à cette pièce ; ce n’est pas le sérieux ; l’ironie est une des grandes formes de l’éloquence : voyez les Lettres provinciales. Ce qui manque à ce pamphlet, c’est la conclusion. L’Angleterre est moquée, mais l’idée que l’Amérique ne cédera pas parce qu’elle a pour elle le droit, cette idée est absente, et c’est pour cela que la raillerie, si fine qu’elle soit, ne porte qu’à moitié.

C’est la différence de Franklin avec Samuel Adams et ses amis. Moins ingénieux, moins aimables, ils s’attachaient à l’idée du droit, obstinés, insupportables, mais résolus et déjà disposés à tous les sacrifices, même celui de leur vie.

Ce sont ces hommes-là qui gouvernent le monde ou qui le mènent ; ils ont la foi et la volonté !

Les beaux esprits politiques, les diplomates ne croient