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les Français à Saint-Domingue ou au Canada. C’est la religion et la politique qui ont peuplé le nord de l’Amérique.

Nous qui datons de 1789 nos libertés conquises ou espérées, nous supposons volontiers que les autres peuples ont attendu cette glorieuse aurore pour connaître leurs droits et en jouir ; c’est un préjugé. Il explique comment des écrivains qui se croient libéraux prennent tant de peine pour nous démontrer que l’Angleterre souffre encore de la féodalité. Leur amour-propre national souffrirait d’avouer que le plus vieux peuple de l’Europe est un nouveau venu dans la carrière de la liberté.

Il y a cependant quelque chose de plus noble que la vanité nationale, c’est l’amour de la vérité. S’aimer soi-même, c’est prendre le triste rôle de Narcisse, et mourir d’ennui dans une stérile adoration. Mesurer la distance qui nous sépare de ceux qui ont passé avant nous, c’est le vrai moyen de les atteindre. Ce n’est ni désespoir, ni jalousie, c’est émulation.

En 1621, au moment de l’émigration de Plymouth, la Chambre des Communes réclamait du roi Jacques Ier la liberté de la parole, « comme un droit ancien incontesté, comme un héritage que lui avaient transmis ses ancêtres[1] ».

Jacques Ier, en digne successeur d’Élisabeth, répondait, il est vrai, « qu’il ne pouvait souffrir un pareil langage, et qu’il eût désiré qu’au lieu de parler de leurs

  1. Ramsay, I, 26.