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On s’en aperçut bientôt à l’occasion d’une affaire qui fît du bruit, et dans laquelle Franklin joua le grand rôle : je veux parler de la publication de lettres confidentielles écrites en Angleterre, par Hutchinson, et son beau-frère, le lieutenant gouverneur Olivier ; lettres qui prouvaient trop clairement que, à l’exemple de Bernard, son devancier, le gouverneur du Massachusetts poussait la métropole à agir énergiquement contre la colonie, à punir la résistance et à entamer les anciennes libertés.

L’histoire est un peu longue ; mais outre qu’elle joue un certain rôle dans la Révolution, elle nous met en face d’un personnage qui eut une grande part dans cette affaire, et que nous retrouverons plus d’une fois : Benjamin Franklin.

Au moment où nous sommes arrivés, en 1773, Franklin était un vieillard ; il était né à Boston en 1706. Dans ses aimables Mémoires, lui-même nous a conté comment, à force de travail, de patience et d’économie, il s’était élevé de la plus humble condition à l’aisance et à la richesse, et comment le pauvre apprenti imprimeur qui, en 1723, s’était enfui de Boston sans un sou dans sa poche, était devenu le riche imprimeur et éditeur de Philadelphie, et non-seulement un habile industriel, mais un physicien distingué, l’inventeur du paratonnerre, et, ce qu’il estimait presque autant, des cheminées économiques qui portent son nom.

L’utilité, en effet, l’utilité particulière et générale, c’était sa philosophie ; nous le trouvons à la tête de toutes les inventions charitables ou morales. En 1738