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pole est un avantage pour les deux parties, il n’y a ni infériorité ni sujétion. Les colonies ne sont plus que des membres d’une confédération qui peut s’étendre à l’infini.

C’est une des grandes découvertes de la politique moderne, une conquête de la civilisation ; c’est aussi la gloire de l’Angleterre, qui seule a senti que la justice était un lien plus puissant que la force, pour tenir rassemblés par l’intérêt et l’amitié des peuples séparés par les mers ; c’est là le secret d’une puissance maritime qui semble défier le temps ; secret que nous n’avons pas encore pénétré, nous qui nous entêtons à administrer de loin l’Algérie, et qui n’avons pas encore compris, après tant d’échecs, que le premier ressort de toute colonisation, c’est la liberté.

Quelle était la situation des colonies américaines vers le milieu du dix-huitième siècle, à la veille de la prise du Canada ? c’est ce que nous essayerons d’étudier aujourd’hui.

Vous vous rappelez que les premiers émigrants sortirent d’Angleterre durant le dix-septième siècle, à une époque où la Réforme avait fortement remué les âmes, où la haine du pouvoir arbitraire était la passion dominante[1]. Si l’on excepte la Géorgie, colonie de bienfaisance, fondée en 1732, c’est entre 1620 et 1688 que les douze autres colonies s’établirent et reçurent le plus grand nombre d’émigrants. C’est l’amour de l’or ou l’ambition qui envoyait les Espagnols au Mexique,

  1. Ramsay, Hist. of the American Revol. Philad., 1785, t. I, p. 26.