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ils sont rares les hommes d’État qui, à l’exemple de Chatam, n’ont pas peur de la liberté[1].

Le gouverneur Hutchinson s’effraya de ces réunions, qui prenaient un caractère inquiétant. À l’ouverture de l’assemblée, en janvier 1773, il déclara que ces meetings étaient irréguliers et dangereux, « C’est la Constitution même, disait-il, qu’on met en question ; c’est l’autorité législative et suprême du Parlement qu’on ose nier. »

C’était rallumer la discussion et toucher une plaie qui saignait toujours. L’assemblée releva le gant ; ce ne fut pas seulement la question en jeu qu’elle discuta ; elle nia absolument que le Parlement eût le droit de lier constitutionnellement l’Amérique :

« S’il y a eu chez nous, dit-elle, quelques exemples d’une soumission aux actes du Parlement, ça été un manque de réflexion ou la répugnance à lutter avec la métropole, mais nous n’avons jamais reconnu la suprématie législative du Parlement[2]. »

Jusqu’au moment où nous sommes arrivés, c’est-à-dire au commencement de 1773, le Massachusetts seul avait agi ; les autres provinces ou s’étaient résignées, ou étaient restées muettes ; mais le feu gagnait ; chacun avait les yeux fixés sur Boston, et quand les lettres du meeting de Boston et les actes de l’assemblée parvinrent en Virginie, en mars 1773, l’assemblée de Virginie fit un pas décisif : elle proposa l’Union des colonies.

  1. Bancroft, Amer. Rev., III, 479.
  2. Pitkin, I, 252.