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Depuis l’acte du timbre, rien ne blessa davantage les puritains du Massachusetts que cette situation faite au gouverneur. Il devenait indépendant de l’assemblée et du pays. La discussion ne resta pas dans la chambre ; le peuple voulut manifester son opposition, et comme le Massachusetts était partagé en townships ou communes, qui étaient de véritables républiques, où le peuple avait toujours le droit de s’assembler, il se tint partout des meetings pour protester contre l’usurpation. Ces meetings commencèrent à Boston, le 2 novembre 1772. Faire céder le roi ou établir une république à la hollandaise, et ouvrir l’Amérique au libre commerce du monde entier, ce fut le thème qu’on discuta le plus souvent dans ces réunions. C’était le pouvoir, c’était la révolution qui passait de l’assemblée dans le peuple, et qui n’en devait plus sortir.

Au premier de ces meetings, tenu à Boston, sur la proposition de Samuel Adams, un comité de vingt et un membres fut choisi pour établir dans un rapport les droits des colons comme hommes, comme chrétiens et comme sujets.

Le 19 novembre, ce rapport, rédigé avec grand talent, fut adopté par le meeting, et aussitôt imprimé à six cents exemplaires et distribué dans toutes les villes de la colonie.

En leur qualité d’hommes, les planteurs, fidèles disciples de Locke, revendiquaient la liberté, la propriété, droits sacrés auxquels le gouvernement ne pouvait toucher sans leur aveu.

Comme sujets anglais, ils réclamaient les droits