Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

libres de ceux qui ne le sont pas, les peuples qui sont mûrs pour la liberté de ceux qui en sont encore loin, je dirais : Ce n’est ni une constitution, ni des chambres, ni des journaux ; tout cela peut devenir un instrument de passion et de tyrannie ; la véritable distinction, c’est la justice, c’est le règne de la loi. Dites-moi ce que sont les tribunaux, je vous dirai ce qu’est le peuple. Le gouvernement et les citoyens s’inclinent-ils devant la loi et les formes protectrices qu’elle constitue ? N’en doutez pas, la liberté est là ! Ruse-t-on avec la loi, l’élude-t-on par des mesures perfides ou violentes ; y a-t-il des tribunaux d’exception, des juges corrompus par la passion ou par l’intérêt ? Fuyez ! la liberté de ce pays n’est qu’un piège, et les institutions qu’une moquerie. La liberté, sachez-le bien, est le respect du droit ; elle n’est qu’un autre nom pour la justice.

C’est parce que la justice est le bien du moindre citoyen, la garantie du plus fort comme du plus faible, que notre vieux jurisconsulte Beaumanoir la définissait si nettement par ces mots énergiques : justice est le commun proufict de tous.