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avec solennité, ce triste anniversaire ; non-seulement on n’appela plus les soldats anglais que les assassins, mais on voulut les juger.

La loi anglaise ne connaît pas de tribunaux d’exception pour l’armée. Quand il y a des coups, des blessures, un vol, ou quelque délit que ce soit où figure le soldat, c’est le jury qui juge ; ce n’est pas une des moindres garanties de la loi anglaise. Il n’y a pas d’officier qui puisse se croire au-dessus des lois faites pour le simple citoyen.

Le capitaine Preston fut donc accusé et emprisonné ; on ne négligea rien pour enflammer l’esprit de la population, parmi laquelle on devait prendre le jury. Mais là se montra l’excellent esprit anglais et le respect de la loi.

La grande difficulté fut d’abord de trouver un avocat. Il y eut des gens qui refusèrent par peur et d’autres par haine. Enfin, un ami du capitaine alla trouver John Adams, jeune avocat, ardent patriote, dont le nom commençait à grandir. Les larmes aux yeux, l’ami du capitaine dit à Adams : « Je viens avec un message solennel de la part d’un homme bien malheureux, le capitaine Preston, qui est en prison. Il a besoin d’un avocat, il ne trouve personne. J’ai vu M. Quincy, qui accepte si vous acceptez ; sinon, il refuse. Nous n’avons d’espoir qu’en vous. »

Adams était jeune, patriote, ami de la popularité ; défendre le capitaine, c’était risquer son avenir. Il n’hésita pas cependant, et répondit que dans un pays libre jamais un accusé ne devait manquer d’avocat, et que le