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Le samedi 3 mars il y eut une rixe, où les gens du peuple, les agresseurs, dit-on, furent battus. Ils se tinrent tranquilles le dimanche ; c’étaient des puritains ; mais le lundi soir, 5 mars, une foule nombreuse, armée de cannes et de bâtons, attaqua la garde, jetant aux soldats des boules de neige renfermant des pierres[1], des glaçons, des morceaux de bois, et n’épargnant pas les injures et les provocations à ces coquins de homards, qui n’avaient pas, leur criait-on, le courage de tirer.

L’officier qui commandait, le capitaine Preston, montra une grande patience ; les soldats restèrent immobiles sous les armes ; mais enfin un soldat, qui avait reçu un coup, tira sans en avoir reçu l’ordre ; six autres l’imitèrent[2]. Trois des assaillants tombèrent ; huit autres personnes furent blessées dans la foule[3].

La ville fut aussitôt dans une extrême agitation ; un meeting fut convoqué le lendemain matin, une résolution votée : « Qu’il fallait à tout prix que Boston fût évacué par les soldats. » Un comité, à la tête duquel était Samuel Adams, se rendit auprès du gouverneur Hutchinson pour demander le retrait immédiat des troupes. Le gouverneur et le colonel Dalrymple, pour éviter une lutte, commencèrent à retirer les troupes, qui se rendirent au château William.

L’affaire n’en resta pas là. Non-seulement l’imagination populaire y vit un plan préparé pour amener le massacre des citoyens, et célébra plus tard et longtemps,

  1. Snowballs covering stones dit Ramsay, Amer. Rev., I, 90.
  2. Lord Mahon, V, 279 ; Pitkin, I, 244.
  3. Lord Mahon, V, 279.