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d’obéir, à nous de commander. C’est chose nécessaire. Quand deux pays sont dans la situation où nous sommes, il faut quelque chose de plus qu’une connexion ; il faut de la subordination, il faut de l’obéissance, il faut de la dépendance. Et si vous ne faites pas de lois pour les Américains, Mylords, permettez-moi de vous le dire, les Américains voudront en faire pour vous, et ils en feront[1]. »

C’étaient là des paroles éloquentes, mais qui ne pouvaient rien sauver. L’esprit public avait changé en Amérique ; les colons entendaient maintenant conquérir la pleine égalité de droits entre les deux pays[2].

Tandis que la loi était votée en Angleterre, de graves événements se passaient à Boston.

Le 5 mars 1770, c’est-à-dire le jour même où la loi de rappel était adoptée par la Chambre des communes, il y avait à Boston collision entre le peuple et les soldats anglais, collision inévitable dans la situation des esprits, et qu’un peu de sagesse aurait prévenue.

L’assemblée du Masachussetts avait refusé de rien fournir aux soldats, hormis la paille, le bois, la chandelle et des casernes, où, comme le dit plus tard un officier au Parlement, aucun gentlemen de cette Chambre n’aurait voulu loger ses chiens[2]. Ainsi placés au milieu de la ville, détestés par les riches, odieux aux pauvres, les habits rouges ne pouvaient sortir sans être insultés dans les rues ; la discipline ne peut pas toujours empêcher un soldat de se rappeler qu’il est un homme.

  1. Lord Mahon, t. V, p. 334.
  2. a et b Ramsay, Amer. Rev., I, 87.