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c’est céder. Ne pas maintenir aujourd’hui l’autorité de la métropole, c’est l’abandonner à jamais. Qu’on ne songe pas au rappel de la loi avant que l’Amérique soit prosternée à nos pieds[1]. »

Avec cet appel aux passions, on a toujours la majorité dans une assemblée. La loi fut votée par 204 voix contre 142.

Dans la Chambre des lords, le 6 mars 1770, Chatham, sans approuver lord North, prononça quelques paroles à l’adresse des Américains qui nous montrent la situation des libéraux en Angleterre ; ils étaient déjà loin de comprendre les pétitions et les désirs des Américains.

« On a pensé que j’étais un trop grand ami de l’Amérique. Je l’avoue, je suis un ami de ce pays. J’aime les Américains parce qu’ils aiment la liberté ; je les aime pour les nobles efforts qu’ils ont faits dans la dernière guerre. Mais je confesse qu’en plus d’un point je trouve qu’ils ont tort ; ils vont trop loin ; ils se sont mépris sur l’idée qu’on voulait leur prendre de l’argent par des taxes. Le commerce, voilà notre objet avec eux ; il faut les encourager. Mais (je désire que tout Américain intelligent, ici ou là-bas, écoute ce que je dis), s’ils portent trop loin leurs idées de liberté, comme je le crains, s’ils ne veulent pas se soumettre aux lois de ce pays, et en particulier, si, comme j’en vois plus d’un symptôme, ils veulent se dégager des lois de commerce et de navigation, ils ne trouveront pas d’adversaires plus déclarés que moi, tout Américain que je suis. Il faut qu’ils soient subordonnés. Dans toutes les lois de commerce et de navigation, l’Angleterre est la mère patrie, les Américains sont les enfants ; c’est à eux

  1. Hilton, p. 202.