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que j’ai eu l’intention d’abandonner. » Il s’agissait de droits sur le thé[1].

La proposition de lord North fut attaquée comme une concession inadmissible par les ardents amis de la prérogative royale et des droits du Parlement ; ils ne pardonnaient pas à l’Amérique sa résistance ; elle fut attaquée comme impolitique par toute l’opposition, qui s’était formée et réunie autour de lord Chatham. Quel intérêt pouvait décider lord North à maintenir l’impôt du thé ? Ce n’était pas l’intérêt financier. La contrebande était telle qu’on n’avait perçu, l’année précédente, que 300 livres sterling (7 500 francs) sur le thé importé en Amérique[2]. C’était donc l’intérêt politique. Quoi ! c’était pour une question de théorie qu’on s’exposait à mécontenter des colonies qui rapportaient des millions au commerce anglais ? La déclaration, jointe au rappel de l’acte du timbre, avait proclamé le principe. Qu’y avait-il de mieux à faire que de s’en tenir là ? Le silence des Américains était un aveu suffisant : l’honneur était satisfait.

À tous ces arguments, lord North répondait : « Le rappel de l’acte du timbre a-t-il appris aux Américains à obéir ? Notre douceur leur a-t-elle inspiré de la modération ? Au moment où ils nous dénient le droit de les taxer, est-il convenable d’accepter ce reproche d’illégalité ? Convient-il d’abandonner le pouvoir qui nous appartient ? Non, le moment d’exercer notre droit de taxation, c’est le moment où on le conteste. Temporiser,

  1. Lord Mahon, V, 277.
  2. Lord Mahon, V, 278.