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plus être ; je prends donc le mot comme un compliment[1]. »

On ne reçoit pas plus gracieusement une injure ; par malheur, il faut ajouter qu’avec cette indifférence et cette placidité, avec le seul désir d’être agréable à son maître, on perd gaiement un empire. La seule justice que l’histoire puisse rendre à lord North, c’est qu’il servit par faiblesse d’esprit et non par ambition ni par intérêt. C’était un aimable courtisan et un détestable ministre.

Tel était l’homme qui, dans les affaires d’Amérique, allait trouver devant lui lord Chatham, lord Camden, lord Shelburne, lord Stanhope, le colonel Barré, l’alderman Beckford, M. Dunning et Burke.

Le 5 mars 1770, lord North présenta sa motion sur le revenu américain. C’était l’ancienne promesse ministérielle qu’il voulait transformer en loi. Il proposa le rappel de tous les droits imposés en 1767, hormis le droit sur le thé. Ce n’était pas un impôt qu’il voulait maintenir ; il n’évaluait pas le revenu probable à plus de 12 000 livres sterling (300 000 francs environ), et la diminution de 25 p. 100 sur les thés exportés en Amérique devait faire baisser le prix de l’article ; ce qu’il voulait, il le dit en termes exprès, c’était affirmer la suprématie du Parlement. Une fois ce point conquis, il céderait aisément sur le reste : « Plaise à Dieu, dit-il, que la conduite des Américains m’autorise à leur accorder des concessions nouvelles, et à révoquer des droits

  1. Lord Mahon, V, p. 260.