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dû leur fortune à de pareilles causes, et sont comme La Harpe :

Tombés de chute en chute au trône académique.

Tandis que l’Amérique résistait avec une chaleur extrême, on se calmait en Angleterre. Dès le mois de mai 1769, dans un conseil des ministres, le duc de Grafton avait proposé de révoquer les droits imposés. La mesure était sage, elle échoua devant un de ces compromis qui réussissent souvent dans les assemblées, et qui gâtent les meilleures décisions. Lord North voulut sauver l’honneur du gouvernement, cet honneur que des gens entêtés et incapables mettent à ne pas céder : « Il faut que l’Amérique nous craigne avant de nous aimer, » disait-il[1]. Il demanda donc qu’on maintînt le droit du thé seulement ; il voulait en outre qu’une lettre-circulaire adressée aux colonies les assurât qu’on ne songeait nullement à établir des taxes en Amérique pour en tirer un revenu, et qu’à la prochaine session on proposerait l’abolition des droits sur les papiers, les vitres et les couleurs, en considération de ce que ces droits étaient contraires aux véritables principes du commerce. Cette proposition fut adoptée à la majorité de cinq voix contre quatre[2] ; elle avait le défaut de laisser toute vive la question de droit, la seule qui agitât les deux pays.

La circulaire, écrite par lord Hillsborough en termes

  1. Bancroft, Amer. Rev., III, 257.
  2. Lord Mahon, t. V, p. 232 et p. 380.