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ou l’arrêt d’une cour qu’il connaît, et dont il peut attendre prompte justice, mais pour y languir dans les fers parmi des étrangers !

Transporté sur une terre étrangère, sans amis qui soulagent sa détresse ou subviennent à ses besoins, sans témoins qui attestent son innocence, objet de mépris pour les honnêtes gens, jeté dans la société d’êtres perdus et de scélérats, il n’aura qu’une prière à adresser au ciel, c’est de finir bientôt sa misère et sa vie[1]. »

Pour toute réponse à ces plaintes, le gouverneur de Virginie prononça la dissolution de l’assemblée.

Aussitôt les principaux membres de la Chambre se réunirent dans la salle d’Apollon (c’était une taverne célèbre), et s’engagèrent sur l’honneur à ne plus importer de marchandises anglaises jusqu’à ce que l’acte de 1767 fût rappelé. Au bas de cet acte figurent des noms alors obscurs, mais destinés à devenir bientôt célèbres : ceux de Patrick Henry, de Peyton Randolph, de Thomas Jefferson, et enfin de George Washington[2]. Toutes les provinces au sud de la Virginie acceptèrent les résolutions de la vieille province. Les représentants de New-York en firent autant, et ordonnèrent de transcrire ces résolutions sur leurs procès-verbaux.

Suivant Bancroft[3], c’est Washington qui avait apporté de Mont-Vernon ces résolutions, et il est permis de le croire en lisant la lettre qu’à la même époque Washington adressait à son ami George Mason :

  1. Pitkin, I, 237 ; Ramsay, I, 83.
  2. Lord Mahon, V, 274.
  3. Bancroft, Amer. Rev., III, 311.