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Pownall, alors membre des Communes, c’est notre souveraineté ; c’est comme un de ces mots qui, dit à un fou, amène le paroxysme et le rend furieux[1]. » À la tête des plus violents était lord Hillsborough soutenu par le duc de Bedford. La façon dont le jury de Boston s’était conduit dans le jugement des troubles qui avaient ému la ville, la partialité dont les jurés avaient fait preuve pour des concitoyens dont ils partageaient les idées et les sentiments, tout en blâmant des actes coupables, poussèrent le duc de Bedford et ses amis à déclarer qu’on ne pouvait plus compter sur un jury colonial.

Le duc proposa donc une adresse au roi, adresse adoptée par les deux Chambres, où l’on priait Sa Majesté d’ordonner une enquête sur les derniers événements de Boston, afin que, s’il y avait eu trahison, ou tentative de trahison, Sa Majesté pût mettre en vigueur contre les coupables, ou supposés tels, un statut rendu sous la trente-cinquième année du règne de Henri VIII, statut en vertu duquel on pouvait transporter les prévenus en Angleterre, et les faire juger par une commission spéciale[2].

Déjà on désignait ceux qu’on voulait atteindre : Otis, Cushing, Samuel Adams et seize autres membres[3]. C’est par la terreur qu’on voulait régner.

Ainsi, au mépris de toutes les conquêtes de la liberté, on allait tirer de la poudre l’édit d’un tyran pour l’appliquer non-seulement à des coupables, mais à des in-

  1. Bancroft, Amer. Rev., III, 290.
  2. Pitkin, I, 235.
  3. Bancroft, Amer. Rev., III, 254.