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« Des nuées de fonctionnaires et de pensionnaires vont s’abattre sur nous, comme des sauterelles qui gâtent toute l’année ; en vain le soleil se lèvera, en vain la pluie tombera, si ce que nous gagnons d’autres le dépensent.

« La main dans la main, Américains, unissons-nous. Unis, nous résistons, divisés nous tombons ; dans une cause si juste, espérons le succès ; le ciel sourit aux nobles actions.

« Tous les siècles parleront avec étonnement et sympathie du courage que nous aurons montré en défendant nos lois ; la mort, nous pouvons la supporter ; mais nous dédaignons de servir. La honte pour un citoyen est plus cruelle que la mort.

« Je porte cette santé à notre souverain, cette autre à la gloire et à la richesse de la Grande-Bretagne. Que cette richesse et cette gloire soient immortelles, si l’Angleterre est juste et si nous sommes libres. »

L’assemblée de New-York ne fut pas moins décidée ; c’était l’Amérique tout entière qui s’engageait dans une voie sans retour.

Comment cette résistance devait-elle être accueillie par l’Angleterre ? il était aisé de le prévoir. Charles Townshend était mort en 1767, à quarante-trois ans ; mais son esprit lui survivait. C’était par la force qu’on voulait intimider les Américains et les réduire à l’obéissance. Dès le mois de juin, lord Hillsborough avait écrit au général Gage, commandant en chef de l’Amérique du Nord, d’envoyer d’Halifax à Boston deux régiments et quatre vaisseaux de guerre. C’était le gouverneur Bernard qui avait sollicité cet appui, trouvant qu’il n’avait pas l’ombre d’autorité. Lord Hillsborough, dans une lettre confidentielle adressée au général Gage, lui ordon-