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ment la révoquer ? D’ailleurs, pouvait-on interdire raisonnablement aux colonies de communiquer ensemble ? Enfin, ce n’était plus la même assemblée qui siégeait ; comment pourrait-elle annuler un acte déjà exécuté[1] ? Lord Hillsborough n’avait rien prévu de tout cela ; il voulait faire de la force ; il ordonnait au gouverneur de dissoudre immédiatement l’assemblée si elle refusait d’obéir, et de transmettre toutes les pièces au gouvernement, afin qu’on prît des mesures pour prévenir à l’avenir une conduite de nature si extraordinaire et si inconstitutionnelle[2].

La nouvelle assemblée refusa fermement de revenir sur la circulaire.

« Si nos votes, dit-elle dans sa réponse au gouverneur, doivent être contrôlés et changés par un ministre, on ne nous laisse plus que l’ombre de la liberté. »

Otis s’écria : « Quand le ministre saura que nous ne voulons pas rétracter nos actes, qu’il s’adresse au Parlement pour lui faire rétracter les siens. Si l’Angleterre ne révoque pas ses mesures, elle est perdue. »

C’est en juin 1768 que l’Assemblée refusa de céder par 92 voix contre 17 ; sa dissolution fut aussitôt prononcée[3].

Dans les autres colonies, le ministre avait envoyé des instructions pour s’opposer à toute union, et pour empêcher des pétitions dangereuses ; partout ces mesures furent mal reçues. L’assemblée du Maryland déclara

  1. Ramsay, Amer. Rev., I, 78.
  2. Pitkin, I, 225.
  3. 1er juillet 1768.