Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’ailleurs l’assemblée protestait (et avec sincérité) de son attachement à la couronne et au pays.

« Quand nous parlons des droits des sujets américains, de l’intérêt qu’ils ont dans la Constitution anglaise comme tous les autres Anglais, on ne peut pas nous soupçonner d’avoir la moindre idée de nous rendre indépendants de la Grande-Bretagne. Nous savons qu’il est des gens qui se sont imaginé cela, et que d’autres peut-être ont artificieusement propagé cette crainte pour exciter une jalousie mal fondée et déraisonnable ; mais cela est si loin de la vérité, que nous croyons que les colonies refuseraient la séparation si elle leur était offerte, et la regarderaient comme le plus grand des malheurs si elles étaient forcées de l’accepter[1]. »

À ces plaintes légitimes, l’assemblée du Massachusetts joignit une circulaire adressée par le président à toutes les colonies. On les engageait à prendre des mesures afin de s’opposer aux taxes qu’on voulait imposer au pays[2]. La lettre était modérée, mais elle pouvait provoquer la réunion d’un nouveau congrès, l’union des colonies ; c’était ce qu’on craignait par-dessus tout en Angleterre. On y voyait une coalition factieuse et révolutionnaire.

Le nouveau secrétaire d’État chargé des colonies, lord Hillsborough, écrivit aussitôt au gouverneur Bernard, afin qu’il exigeât de l’assemblée le rappel de cette résolution téméraire. L’ordre ministériel était peu judicieux, et de plus blessant. La circulaire était envoyée, répandue : on avait agi en conséquence ; com-

  1. Pitkin, I, 223.
  2. Life of Otis, 313 et suiv.