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leurs pieds et des buissons de cheveux qui ne furent jamais peignés[1]. »

La conclusion qui résume le livre est un morceau aussi solide qu’éloquent. Je ne puis me lasser de répéter qu’en lisant tous ces pamphlets, on voit qu’en fait d’éducation politique les Américains sont de beaucoup nos aînés.

« Chers compatriotes, que ces vérités soient gravées dans nos cœurs en caractères ineffaçables : Nous ne saurions être heureux sans être libres. Nous ne saurions être libres sans être assurés de nos biens. Nous ne saurions être assurés de nos biens, si d’autres ont le droit de nous les enlever sans notre consentement. Or les taxes que le Parlement nous impose nous enlèvent nos biens. Des droits établis dans la seule vue de lever de l’argent sont des taxes ; il faut donc s’opposer immédiatement et vigoureusement à l’entreprise d’imposer de tels droits. Cette opposition ne peut être efficace si ces provinces ne réunissent leurs efforts ; en conséquence, une affection réciproque et l’unanimité des résolutions sont essentielles à notre commune prospérité. Quiconque parmi nous tend de quelque manière que ce soit à encourager la division, la défiance ou l’indifférence des colonies, est ennemi de lui-même et de la patrie[2]

« Défendons nos droits, et par-là même nous sauverons nos biens. La servitude commence toujours par le sommeil[3]. Des particuliers peuvent s’attacher à des ministres, s’ils le veulent ; des États doivent regarder cela comme au-dessous d’eux. Si vous ne vous manquez pas à vous-mêmes, vous jouirez d’une juste considération aux yeux de ceux qui vous mépriseraient

  1. Lettres d’un fermier, p. 33.
  2. Ibid., p. 200.
  3. Montesquieu : Esprit des Lois, XIV, 13.