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en 1768, avec une préface malicieuse ; il est probable que ce fut lui aussi qui fit publier la traduction française. Au moins, dans la préface du traducteur français, reconnaît-on les idées favorites de Franklin sur la grandeur future du continent américain.

Quelques extraits de ces lettres, écrites par un homme qui, durant la révolution américaine, se signala par son excessive modération, montreront quel était l’état des esprits lorsqu’on reçut en Amérique les actes du Parlement.

« … Réveillez-vous, mes chers concitoyens, considérez la ruine suspendue sur vos têtes. Si vous admettez une fois que la Grande-Bretagne peut imposer des droits sur ses exportations, à dessein de lever de l’argent sur nous uniquement, dès lors il ne lui restera plus autre chose à faire que d’imposer ces droits sur des articles qu’elle nous défend de fabriquer, et voilà la fin de la tragédie de la liberté d’Amérique. Il nous est défendu de tirer des marchandises de toutes autres manufactures que de celles de la Grande-Bretagne ; il nous est défendu par rapport à quelques articles de les fabriquer nous-mêmes, et on peut étendre cette prohibition à d’autres articles. Nous sommes donc exactement dans la situation d’une ville assiégée, qui est investie de toutes parts par les ouvrages des assiégeants, à l’exception d’un seul côté. Si l’on ferme ce passage, il n’y a plus d’autre ressource que de se rendre à discrétion. Si la Grande-Bretagne peut nous ordonner de tirer de chez elle les choses qui nous sont absolument nécessaires, et si elle peut en même temps nous ordonner de payer telles taxes qu’elle jugera à propos, soit avant d’enlever ces marchandises, soit en les débarquant ici, nous sommes d’aussi vils esclaves que ceux que l’on voit en Pologne et ailleurs, avec des sabots à