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avait donc peu d’égards pour cette assemblée de planteurs et de marchands qui, de son côté, se défiait de lui comme d’un ennemi, et qui n’avait que trop raison de s’en défier.

En communiquant la lettre à l’assemblée, Bernard ajouta que la justice et l’humanité de cette réquisition[1] était si évidente, qu’elle ne souffrait pas de discussion, et que d’ailleurs l’autorité dont elle émanait devait empêcher tout débat.

L’assemblée reçut fort mal ce langage hautain, que rien ne justifiait. Elle demanda au gouverneur quelle liberté il lui restait, si elle ne pouvait ni discuter une réquisition si juste, ni débattre ce qui était proposé par une autorité si élevée. Elle attendit jusqu’au mois de décembre pour accorder une indemnité, et elle le fît d’une façon qui ne pouvait manquer d’être désagréable au gouvernement anglais.

La loi d’indemnité commençait par accorder une amnistie complète pour tous les délits des derniers temps. Puis, après avoir concédé une amnistie qu’il ne lui appartenait pas de donner sans l’aveu de la couronne, l’assemblée ajoutait « qu’elle ne voulait pas voir dans la recommandation une réquisition qui interdirait toute discussion, mais que par égard aux recommandations de Sa Majesté, par déférence pour les illustres patrons des colonies dans la Grande-Bretagne, par amour de la paix, elle accordait une indemnité à ceux qui avaient

  1. Le mot était choisi pour humilier la Chambre ; il n’y avait que recommandation dans la lettre de Conway et l’acte du Parlement. Life of Otis, p. 281.