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et d’obliger les colonies, en toute circonstance[1]. » En Amérique, au contraire, on supposait que la mère patrie avait renoncé à toute prétention d’imposer les colonies. Il y avait là un malentendu qui devait amener bientôt de nouvelles difficultés.

George III n’avait vu dans le rappel de la loi qu’une faiblesse fatale, qui avait à jamais blessé la majesté de l’Angleterre. Dans le Parlement comme dans le pays, ce n’était peut-être pas la minorité qui pensait comme le roi.

L’acte rappelé, le secrétaire d’État Conway écrivit le 31 mars 1766, aux gouverneurs des colonies, une circulaire où il était dit que « le roi et le Parlement étaient disposés non-seulement à pardonner, mais à oublier les preuves injustifiables d’un esprit de désobéissance qui n’avait été que trop visible dans les dernières affaires ; » en même temps on enjoignait aux gouverneurs de recommander fortement aux assemblées d’indemniser les personnes qui avaient souffert à cause de leur déférence aux actes de la Législature anglaise. Il y avait eu en effet des excès regrettables à Boston et à New-York dans l’été de 1765.

En juin 1766, la lettre du secrétaire d’État fut mise sous les yeux de l’assemblée du Massachusetts par le gouverneur Bernard. C’était un partisan déclaré de la suprématie anglaise ; son ambition était de faire de l’Amérique une Angleterre avec noblesse et Église établie ; c’était de plus un homme raide et quinteux ; il

  1. Ramsay, Amer. Rev., I, p. 73.