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c’est à vous que l’Amérique reconnaissante doit d’être rétablie dans sa première liberté ! Que cette joie universelle d’un pays qui vous bénit comme étant son père, que ces vœux ardents adressés au ciel pour vous, vous donnent un sublime et divin plaisir. Puissent-ils vous donner la force de prendre votre lit et de marcher, comme le paralytique guéri par la parole de Celui qui est descendu du ciel pour nous affranchir. Puissiez-vous vivre longtemps, en pleine santé, heureux et honoré !… Que de longues années s’écoulent avant que vous cessiez de plaider la cause de la liberté sur la terre[1]. »

Au milieu de cette joie, Otis, animé par le succès, disait tout haut ce que chacun commençait à penser tout bas, c’est que la distinction entre les taxes intérieures et les taxes extérieures n’avait point de sens. Puisque le Parlement venait de renoncer à la première prétention, il avait abandonné du même coup la seconde ; les marchands auraient grand tort d’accepter des lois qui taxeraient leur commerce ; leur propriété devait être libre comme toutes les autres.

Ces paroles d’Otis, qui se faisait l’écho de ses concitoyens, ouvrent le second acte de cette tragédie qui devait finir par l’émancipation de l’Amérique. En Angleterre on avait cédé, comme un père cède à ses enfants, en réservant ses droits tout en abandonnant une demande particulière. La déclaration qui affirmait la suprématie illimitée du Parlement, et qui accompagnait le rappel de l’acte du timbre, était plus hostile que le timbre même aux droits prétendus par les colons. Elle disait « que le Parlement a, et doit avoir de droit la puissance de lier

  1. Bancroft, Amer. Rev., t. II, p. 524.