roi le 18 mars suivant. C’était là une sagesse dont par malheur on devait bientôt s’écarter.
De pareils exemples sont rares dans l’histoire. Les gouvernements, princes ou ministres, s’engagent aisément et plus tard ne veulent plus reculer. Si le peuple se tait, la réforme est, dit-on, inutile ; s’il se plaint, reculer semble une lâcheté. On s’entête dans l’erreur avec un courage insensé. C’est confondre l’honneur individuel et le devoir d’un gouvernement ; un gouvernement ne doit pas avoir raison contre ses mandataires. Résister à l’injustice de tout un peuple et se laisser briser, c’est le devoir de tout honnête homme ; mais dans les questions d’intérêt général (et les affaires publiques ne sont pas autre chose), quel droit a-t-on de résister ? La plupart du temps, c’est quelque institution surannée qu’on défend avec cette opiniâtreté ; on se croit d’autant plus fort qu’on ne veut rien reconnaître au-dessus de soi. Un gouvernement s’honore et se grandit en reconnaissant quelque chose de plus puissant que lui, le droit, l’intérêt commun. S’il met le droit sous ses pieds, il n’est que la force ; s’il le respecte, il est la loi vivante ; il a pour lui la conscience humaine, plus forte que les baïonnettes et les soldats.