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modération. Soit ; mais on les a insultés. On les a rendus fous à force d’injustice. Les punirez-vous de la folie que vous leur avez causée ? Laissez la prudence et la modération venir d’abord de votre côté, je me porte fort que l’Amérique suivra votre exemple. Comme dit une ballade de Prior :

Fermez un peu les yeux sur leurs fautes,
Soyez justes pour leurs vertus.

« En résumé, mon opinion est qu’il faut rappeler l’acte du timbre, absolument, totalement, immédiatement. La raison, c’est qu’il est fondé sur un principe erroné.

« En même temps, proclamez la suprématie de ce pays sur les colonies. Proclamez-la dans les termes les plus forts et les plus absolus. Oui, nous pouvons lier leur commerce, limiter leur industrie, et exercer tous les pouvoirs, hormis un seul : nous ne pouvons pas prendre leur argent dans leur poche sans leur aveu[1].

La déclaration de suprématie et le bill de rappel furent votés le 5 mars 1766, et portés à la Chambre des lords.

Là, l’opposition était forte ; mais le droit fut défendu par l’habile jurisconsulte Pratt, devenu chancelier sous le nom de lord Cambden. Il refusa au Parlement le droit de taxer l’Amérique, parce que l’Amérique n’était pas représentée.

« Taxation et représentation, dit-il, sont joints de façon inséparable. C’est Dieu qui les a unis ; il n’y a pas de Parlement anglais qui puisse les séparer. Essayer de le faire, c’est nous frapper au cœur. »

Les deux lois furent votées, et sanctionnées par le

  1. Pitkin, I, 211