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Sur cette réponse, Franklin se retira, et la commission leva séance.

Dans cette discussion, comme dans celle de l’adresse, Grenville et ses amis dénoncèrent les prétentions de l’Amérique et les troubles qui avaient accompagné toutes ces résolutions coloniales, « Nous sommes à la veille d’une rébellion ouverte, disait Grenville ; si les doctrines que j’entends professer sont acceptées par le Parlement, il n’y aura plus de gouvernement au-dessus des colonies ; ce sera une révolution. »

Grenville ajoutait qu’il ne comprenait rien à la distinction des taxes intérieures et extérieures ; c’était là une querelle de mots. Taxer, disait-il, c’est l’apanage de la souveraineté, et la souveraineté est en Angleterre dans le Parlement. Protection et obéissance sont réciproques. La Grande-Bretagne protège l’Amérique, l’Amérique doit obéir. Quand donc l’Amérique a-t-elle été émancipée ? Lorsque les colons ont besoin de notre protection, ils sont toujours prêts à la solliciter. C’est pour les protéger que la nation a contracté une dette immense, et maintenant qu’on leur demande d’y contribuer pour une faible part, ils renoncent à notre autorité, insultent nos officiers et se révoltent.

« L’esprit séditieux des colonies, continuait-il, doit sa naissance aux factions de cette Chambre. On ne réfléchit pas aux conséquences de ce qu’on dit, pourvu que cela serve à l’opposition. On nous a annoncé que nous marchions sur un terrain dangereux ; en nous a prédit la désobéissance. Qu’était cela, sinon dire aux Américains de résister aux lois et encourager leur obstination, en leur promettant un soutien ici ?…