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à partir du premier novembre mil sept cent soixante-cinq on payera, mettez deux mil sept cent soixante-cinq, et tout ira de soi. »

Ceci était de la plaisanterie ; d’autres réponses plus sérieuses étaient presque menaçantes. — « Si l’on réduit le droit, les Américains payeront-ils ? » — « Non, jamais, à moins d’y être contraints par la force des armes. » — « Que feraient-ils, si on mettait une autre taxe, imposée en vertu des mêmes principes ? » — « Ce serait exactement la même chose que pour l’acte du timbre : les Américains ne payeraient pas. »

Les défenseurs de la loi, qui ne comprenaient rien à la résistance de l’Amérique, et qui ne s’expliquaient pas qu’un peuple habitué à l’acte de navigation se laissât taxer au dehors et refusât de se laisser taxer au dedans, déclarèrent qu’ils ne voyaient rien de fondé dans cette subtile distinction. La réponse de Franklin est un chef-d’œuvre d’ironie : « On a, dit-il, employé une foule de raisonnements pour démontrer aux Américains qu’il n’y a aucune différence entre une taxe intérieure et une taxe extérieure. Jusqu’à présent, ils ne voient pas les choses de cette façon ; mais avec le temps on finira peut-être par les persuader. »

Les dernières questions furent faites par un ami ; on peut croire qu’elles étaient convenues à l’avance. — « Quel était naguère, dit-il, l’orgueil des Américains ? » — « C’était de tirer leurs modes et leurs marchandises d’Angleterre. » — « Et quel est maintenant leur orgueil ? » — « C’est de porter leurs vieux habits jusqu’à ce qu’ils soient en état de s’en faire de neufs. »