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gouvernement semblait engagé ; l’opposition que l’Amérique faisait à la suprématie du Parlement était ressentie comme une injure, non-seulement par le pouvoir, mais par la nation. On résolut de soumettre la question aux Chambres. Au fond, on voulait faire déclarer au Parlement sa suprématie et, du même coup, abandonner un impôt qui devenait menaçant pour la tranquillité de l’empire.

Franklin, qui résidait en Angleterre comme agent de diverses colonies, fut interrogé devant le Parlement avec d’autres personnes. Cet interrogatoire, préparé par les amis que le docteur et l’Amérique comptaient dans la Chambre, est resté célèbre par la vivacité et la finesse des réponses de Franklin. — « Ne pensez-vous pas, lui dit un des adversaires du rappel de l’acte, ne pensez-vous pas que les colonies sont en état de payer le droit de timbre ? » — « Selon moi, répondit Franklin, il n’y a pas assez d’or ni d’argent dans les colonies pour payer une année de droit. » — « Ne savez-vous pas, reprit le membre du Parlement, que le revenu du timbre sera dépensé en Amérique ? » — « Je le sais, dit Franklin ; mais c’est dans les colonies conquises, c’est au Canada qu’on dépensera ce revenu, et non pas dans les colonies qui le payeront. » — « On pourrait amender l’acte, dit un autre membre, de façon à le rendre acceptable aux colonies. » — « J’avoue, répondit gravement le facétieux docteur, que j’ai songé à un amendement. Acceptez-le, l’acte pourra subsister et les Américains seront tranquilles. C’est peu de chose, il n’y a qu’un mot à changer. Au lieu de mettre :