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La seconde question fut de savoir si l’on s’appuierait sur les Chartes coloniales ou sur le droit naturel ; sur des précédents et des privilèges, ou sur la justice et la raison. Gadsden fit prononcer l’assemblée dans le dernier sens.

« On peut, dit-il, tirer de nos Chartes la confirmation de nos droits communs, de nos droits essentiels comme citoyens anglais ; mais s’y appuyer davantage serait chose fatale. Établissons-nous sur le large terrain de ces droits naturels que nous sentons et que nous reconnaissons tous en notre qualité d’hommes et comme descendants des Anglais. Les Chartes seraient un piège et amèneraient les diverses colonies à agir différemment dans cette grande cause. Il ne doit plus y avoir ici ni des hommes de la Nouvelle-Angleterre, ni des hommes de New-York : nous sommes tous Américains[1]. »

L’assemblée se rendit à cette grande idée ; mais quand Gadsden parlait des droits naturels, ne nous imaginons pas qu’il entendît ces mots au sens de Rousseau ; l’Amérique en était restée à Locke. La liberté civile, la propriété, c’étaient là les droits naturels des Américains, et non pas cet état de nature qui préexiste à toute société, et, qui en la rendant factice et volontaire, la rend impossible.

Le 19 octobre 1765, le congrès vota une déclaration des droits et des griefs des colonies. Dans ce manifeste, composé de quatorze articles, les planteurs reconnaissent l’allégeance qu’ils doivent au roi et leur juste subordination au Parlement ; mais ils affirment que les

  1. Bancroft, Amer. Rev., t. II, 381.