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entendu. Il faut rendre cette justice aux jésuites qu’ils ont maintenu, en théorie, le droit du peuple contre le droit de l’usurpateur et du tyran.

Au milieu de cette effervescence on formait des associations pour résister à la loi du timbre par tous les moyens légaux. Ces associations s’intitulaient les Fils de la liberté ; c’était un mot dont s’était servi le colonel Barré, et qui avait fait fortune en Amérique.

Par malheur, à côté de ces associations qui voulaient respecter la loi, le peuple, plus facilement ému, agissait avec violence. Des officiers du timbre insultés, des maisons pillées, c’était le triste côté de la résistance, la tache qui gâte toutes les révolutions, et qui trop souvent perd la liberté. Disons à l’honneur de l’Amérique que, s’il y eut de ces excès, il y en eut moins qu’en aucun autre pays, et que l’opinion les condamna résolument.

Malgré l’émotion générale, la proposition du Massachusetts recevait un accueil assez froid dans les autres provinces. Les gouverneurs écrivaient à Londres que la mesure échouerait ; cette prétendue résistance allait s’évanouir et couvrir le Massachusetts de ridicule, quand la hardiesse d’une assemblée releva les esprits. Le pays qui fonda l’unité américaine était celui qui, un siècle plus tard, devait essayer de la briser, c’était la Caroline du Sud.

Les représentants de la Caroline étaient en session quand la proposition du Massachusetts y fut discutée, le 25 juillet 1765. Elle y rencontra d’abord de l’opposition ; un membre de l’Assemblée, bel esprit, s’amusa à ridiculiser le projet d’union :