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miséricorde ; mais qu’il est contre les franchises de la terre qu’un homme libre soit taxé autrement que de son aveu dans le Parlement. » — « Où va-t-on ? disaient les hommes d’affaires. Qui arrêtera le Parlement dans cette voie ? Bientôt nous verrons un impôt foncier. Que faire avec ces gens qui crient toujours : Donne, donne, et qui ne disent jamais : Assez[1]. »

La religion, qui en Amérique se mêle à toute la vie, était invoquée à l’appui de la résistance. À New-York, les partisans de l’Église épiscopale prêchaient l’obéissance au roi, comme étant l’oint du Seigneur. — « L’oint du Seigneur, répondait un puritain, c’est le peuple. » On citait la Bible, qui ordonne de se soumettre à l’autorité. Mais à Boston cette citation était proclamée une sottise jointe à une impiété. — « La tyrannie, criait-on, n’est pas un gouvernement ; l’Évangile nous promet la liberté, la glorieuse liberté des enfants du Christ. » « Je n’ai pas de doute sur ce point, disait le célèbre prédicateur Mayhew, la religion n’oblige aucun peuple à être esclave, quand ce peuple peut conquérir sa liberté[2]. »

C’était, je crois, donner aux paroles de l’Évangile un tout autre sens que le véritable ; mais les épiscopaux n’étaient pas plus dans le vrai. L’Évangile ordonne l’obéissance aux pouvoirs établis ; mais, quand ce pouvoir est contractuel, l’Évangile n’autorise pas le souverain à briser le contrat ; c’est ainsi du moins que saint Thomas et les théologiens de son école l’ont toujours

  1. Bancroft, Amer. Rev., II, 326.
  2. Bancroft, t. II, p. 351.