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Une résolution aussi hardie que la dernière était faite pour troubler toute assemblée. Déclarer par acte législatif que le peuple des colonies n’était pas tenu d’obéir à une loi faite par le Parlement, c’était lever l’étendard de la révolte contre la mère patrie. Robinson le président, Peyton Randolph, l’attorney du roi, et George Wythe, employèrent toutes leurs forces pour modérer le ton de ces résolutions violentes ; mais Patrick Henry enleva l’assemblée.

Il déclara que mettre un impôt sur les colonies sans leur consentement était un acte tyrannique ; que le roi d’Angleterre, en donnant sa sanction à la loi, avait pris le rôle d’un tyran ; et, faisant une audacieuse et menaçante allusion à la destinée des tyrans : — « César, dit-il, a eu son Brutus, Charles Ier son Cromwell, et George III… (Trahison ! cria le président. Trahison ! trahison ! cria l’assemblée). George III, dit Patrick Henry en regardant le président et d’une voix ferme, fera bien de songer à leur exemple. Si c’est là de la trahison, faites-en votre profit. »

Ces paroles violentes entraînèrent les jeunes membres de l’assemblée ; les résolutions furent toutes adoptées, à une faible majorité ; la cinquième à une voix seulement[1]. Mais la nuit porte conseil, le lendemain on décida (en l’absence de Henry) qu’on rayerait la cinquième résolution sur le journal de la Chambre.

L’assemblée fut aussitôt dissoute par le lieutenant gouverneur, qui voulait étouffer la révolte dans le bou-

  1. Bancroft, Amer. Rev., t. II, 315.