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obtenir des salaires que durant leur mauvaise conduite[1] ? Y a-t-il un temps plus favorable pour les obliger à maintenir une armée à leurs propres frais que lorsque cette armée est nécessaire pour leur propre protection, et que nous sommes incapables de l’entretenir ?

« … Pour rendre, dit-on, l’exercice du pouvoir parlementaire juste et légal, on a proposé d’introduire dans la Chambre des Communes quelques représentants des colonies. Mais j’ai vu tant de preuves de la facilité de parole que possèdent ces gentlemen de l’autre monde, que j’ai peur qu’une pareille importation d’éloquence ne mette en danger l’Angleterre. Nous aurions meilleur marché à payer leur armée que leurs orateurs. »

Jenyns terminait en affirmant que le droit était incontestable, et son exercice nécessaire ; il faisait appel à tous les partis pour soutenir des mesures que tout homme de bon sens devait approuver, que tout sujet anglais devait exiger d’une administration anglaise[2].

C’est toujours le même procédé ; les ministres aiment qu’on leur commande au nom du pays ce qu’ils ont envie de faire. J’imagine qu’il y a un moule commun pour tous les pamphlets officiels ; ils ont tous le même caractère et la même laideur. Qui en a lu un les a lus tous. Toujours l’insolence de la force, le cynisme de l’intérêt, le mépris du public, l’appel aux préjugés ; toujours le même défi au bon sens, le même calcul sur l’ignorance des peuples. Les pamphlétaires officiels réus-

  1. Allusion à l’expression during good behaviour, qui équivaut à l’inamovibilité.
  2. Bancroft, Amer. Rev., t. II, p. 2G3.