En fait d’insolence, rien ne vaut d’ordinaire les pamphlets commandés : celui de Soame Jenyns ne faisait pas exception à la règle.
« Le grand argument, la raison capitale, l’éléphant à la tête de cette armée de nababs, est ceci : « Nul Anglais n’est ou ne peut être taxé que de son aveu, ou de l’aveu de ceux qu’il a choisis pour le représenter. » Ceci est justement le contraire de la vérité. Personne, que je sache, n’est taxé de son aveu, et moins que personne un Anglais… Tout Anglais paie l’impôt ; il n’y en pas un sur vingt qui soit représenté. Les gens de Manchester et de Birmingham sont-ils Anglais ? Payent-ils l’impôt ? Si les gens qu’on impose sont juges de l’équité de l’impôt, le Parlement n’aura jamais le pouvoir d’établir un impôt[1]. »
Partir d’un abus qui existe pour s’opposer à un droit réclamé, c’est de la logique de pamphlétaire ; vient ensuite le cynisme obligé.
« Y a-t-il un moment plus favorable pour demander quelque assistance aux colonies qu’alors que l’Angleterre s’est épuisée à leur procurer le salut ? Y a-t-il un temps plus convenable pour mettre un impôt sur leur commerce que lorsque notre protection leur permet de faire concurrence à nos manufactures ? Y a-t-il une saison plus propice pour les obliger à constituer quelque joli revenu à leurs gouverneurs que lorsque ces gouverneurs ne peuvent vivre qu’à la condition de manquer à leurs instructions ? Y a-t-il un temps mieux choisi pour les obliger à fixer le traitement des juges que lorsque ces juges dépendent de l’humeur des assemblées, et ne peuvent
- ↑ Otis disait plus tard qu’avec ce système de représentation virtuelle, les sauvages Tuscaroras représenteraient l’Angleterre.