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de moins qu’à une rébellion ; c’est de résistance légale qu’il parlait. « Résister par la force au roi et au Parlement, disait-il, c’est haute trahison. Si le Parlement nous impose le fardeau, c’est notre devoir de nous soumettre jusqu’à ce qu’on nous décharge. »

Otis était un légiste et croyait à la puissance du droit[1]. Il y avait auprès de lui des hommes, comme Samuel Adams, moins confiants, plus hardis, et qui déjà envisageaient froidement l’avenir.

Cet écrit d’Otis fut envoyé en Angleterre par les représentants du Massachusetts. « Jamais, était-il dit dans la lettre énergique qui était jointe à cet envoi, jamais nous ne reconnaîtrons au Parlement de la Grande-Bretagne le droit d’imposer un peuple qui n’est pas représenté dans la Chambre des communes. Si nous ne sommes pas représentés, nous sommes esclaves[2]. » La lettre fut imprimée avec l’écrit et, en 1766, on y fit allusion dans la Chambre des lords, à la suite des troubles qu’amena en Amérique l’acte du timbre voté en 1765 par le Parlement. On déclara que l’homme qui avait pu écrire de pareilles choses était un fou.

« Fou ? dit lord Mansfield. Prenez garde. La folie est contagieuse. Masaniello était fou, personne n’en doute ; cela ne l’empêcha pas de renverser le gouvernement de Naples. Dans toute assemblée populaire, en toute question populaire, la folie gagne vite[3]. »

Lord Mansfield avait raison : quand de pareilles ques-

  1. Hildreth, U. S., II, p. 523.
  2. Hildreth, Hist., II, 521.
  3. Life of Otis, p. 172.