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d’agents, n’entraînerait aucune visite dans les maisons, aucune influence extralégale. En consentant à l’établissement de cet impôt, les colons établiraient un précédent qui ferait qu’à l’avenir on ne les taxerait pas sans leur demander leur avis[1].

Donner leur avis n’était pas ce que demandaient les planteurs ; c’était leur libre vote qu’ils voulaient conserver. Ce délai accordé par le ministre était un leurre, un mensonge, disait Burke, dans un moment où il était moins parlementaire que de coutume. Cette façon de traiter les contribuables rappelle trop une caricature publiée en France, en 1787, lors de l’assemblée des notables ; le contrôleur général de Calonne consultait des dindons et leur demandait à quelle sauce ils voulaient être mangés. — Nous ne voulons pas être mangés, disaient les dindons. — Vous sortez de la question, répondait le ministre. — Réponse ridicule, mais qui plus d’une fois a été faite sérieusement, en tous pays.

Quand la nouvelle arriva en Amérique, les colonies, sans se consulter, furent toutes d’avis de refuser l’impôt et de n’en proposer aucun autre. Pour elles, comme pour Grenville, le point en question n’était point l’argent à fournir, mais le principe engagé ; elles ne voulaient pas être taxées dans un Parlement où elles n’étaient pas représentées.

Ce fut alors qu’Otis publia, à Boston, un livre intitulé : les Droits des colonies anglaises. C’était moins un pamphlet qu’un traité sur les premiers principes du

  1. Bancroft, Amer. Rev., II, 214.