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Grenville, suivant ses propres expressions, voulait ainsi prouver sa tendresse aux colonies[1]. Non-seulement il les consultait, mais il favorisait leur exportation des matières premières, en donnant des primes à l’importation en Angleterre des chanvres et des lins d’Amérique. En outre, il mettait la Nouvelle-Angleterre presque sur le pied d’égalité avec la métropole pour la pêche de la baleine, encore bien qu’il fût convaincu qu’une fois libres les pêcheurs américains surpasseraient les Anglais, et qu’on leur donnait là de l’occupation pour plus de trois mille matelots[2]. Quand la question de droit fut présentée au Parlement, il ne se trouva pas, dans toute l’opposition, une seule personne pour contester l’omnipotence parlementaire. Un membre se leva et dit : « Nous sommes forts, j’espère que nous serons indulgents[3] ; » et tout fut dit.

Avec les agents des colonies, Grenville prit ce langage tendre qui est particulier aux financiers lorsqu’ils établissent un impôt.

C’était par amour pour les colonies qu’il avait présenté ce projet. Il était raisonnable que les plantations contribuassent à se protéger elles-mêmes, et payassent leur part des lourdes charges d’une guerre que la Grande-Bretagne avait faite pour leur compte. L’impôt du timbre était d’une assiette commode, d’une perception facile, ne demanderait qu’un petit nombre

  1. Bancroft, Amer. Rev., II, 207.
  2. Bancroft, ibid., II, 210.
  3. Bancroft, ibid., II, 212.