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la jeunesse de la nation en est au contraire la virilité.

L’amour de la liberté n’est pas né subitement en 1776 sur le sol de la Virginie, et les petits-fils des puritains de la nouvelle Angleterre n’ont point inventé la démocratie. La démocratie, ils l’avaient apportée de la mère patrie ; et, avant que Locke eût écrit le Gouvernement civil et Rousseau le Contrat social, les émigrants de Plymouth avaient fondé une vraie république sous ce rude climat, où la liberté seule pouvait vivre. Le gouvernement qu’ils avaient organisé pour leurs besoins était bien autrement démocratique que tout ce qu’imaginèrent les beaux esprits d’Angleterre. Nous en aurons un curieux exemple quand nous parlerons de la Caroline, pour laquelle Locke écrivit une constitution. Nous verrons combien, en fait de politique, l’expérience est un maître sûr, et combien les planteurs de l’Amérique étaient en ce point supérieurs au philosophe dont ils admiraient le génie, mais dont ils repoussaient les ingénieuses utopies[1].

L’histoire politique des colonies sous la domination anglaise, histoire à peu près inconnue en France, mais qui ne sera pas sans intérêt, ne fût-ce que par sa nouveauté, vous montrera à chaque pas combien la liberté est vieille

  1. Voy. XIVe leçon : Locke législateur de la Caroline.