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qu’est le modérateur, la force régulatrice du gouvernement ; et si la république dure aux États-Unis, c’est au sénat qu’elle le doit ; sans lui, il y a longtemps qu’une lutte eût décidé entre le président et l’Assemblée. Nous avons repoussé cette institution comme aristocratique ; mais, pour moi, je ne connais pas d’institution plus républicaine que celle qui, aux États-Unis, a déjà plus d’une fois sauvé la république.

L’Amérique peut encore nous servir de leçon dans une question qui, depuis un an, est chez nous à l’ordre du jour. La doctrine que le parlement, le pouvoir législatif est tout-puissant, doctrine que nous avons empruntée à l’Angleterre qui n’a pas de charte écrite, nous met en présence de difficultés sans nombre, et on ne peut faire une loi sans s’exposer au reproche de violer la constitution. L’Amérique n’a pas voulu que les deux chambres, même d’accord avec le président, se missent au-dessus de la loi suprême. Le pouvoir judiciaire est assez indépendant et assez fort pour contraindre les assemblées et le président à se renfermer dans leur rôle et à respecter la constitution. C’est là un des caractères les plus remarquables du système américain, et ce qui fait sa force et sa durée. Aussi cette division véritable des trois pouvoirs se retrouve-t-elle dans les constitutions des États particuliers, aussi bien que dans la charte fédérale. La Cour suprême des