nécessairement une république au lieu d’en faire une monarchie constitutionnelle, comme la métropole.
Il faut cependant nous rendre un compte exact du rôle qu’a joué en Amérique le principe d’égalité, et par la même occasion, du rôle qu’il joue dans les sociétés modernes. Pour nos recherches historiques, ce serait les mutiler et les rendre stériles que de ne pas étudier l’un des deux éléments du génie américain. Pour le résultat pratique que nous ne perdons jamais de vue, ce serait une faute que de ne pas saisir toute la portée de ce principe, plus nouveau dans le monde que le principe de liberté.
Ces noms de liberté et d’égalité ont été si souvent associés l’un à l’autre, depuis soixante ans, qu’il nous semble au premier abord qu’ils aient été de tout temps, et nécessairement, inséparables. Il n’en est rien cependant. C’est d’hier seulement qu’est née l’égalité civile et politique. Et quant à être naturellement séparables, il suffit de jeter les yeux autour de soi pour voir des pays où l’égalité est absolue, sans qu’on y connaisse la liberté : tels sont les États despotiques de l’Orient. Il y a au contraire et près de nous un pays où la liberté est plus grande, plus complète qu’en aucun endroit du monde, mais où l’égalité n’existe ni dans les lois ni dans les mœurs. Est-il besoin de nommer l’Angleterre ?