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qui la nature a tant fait, et qui de plus nous combat avec des armes aussi inégales. Forcément l’Europe, si elle ne veut pas baisser en richesse et en civilisation, sera forcée de proclamer le principe américain, et de prendre la paix pour base de sa politique. On le sent aujourd’hui ; mais Washington l’a proclamé il y a soixante ans, et c’est sur ce principe que, grâce à la sagesse et à l’expérience du sénat, on a fondé cette diplomatie qui se vante et avec raison de ne connaître que des succès.

Son secret est simple, et cependant infaillible : c’est la paix, c’est la neutralité, c’est la non-intervention. Débarrassée des luttes d’influence, ne soulevant ni méfiances, ni jalousies, tout l’effort de la diplomatie américaine se borne à élargir le marché, à faciliter l’échange, en d’autres termes à enrichir également les deux pays qui sont parties au contrat. Dans de pareilles conditions, la diplomatie est facile ; mais elle n’en est pas moins le moyen d’enchaîner les peuples par un lien plus sûr que l’ambition ou la reconnaissance, instruments ordinaires de nos diplomaties d’Occident, je veux dire par le lien d’un commun intérêt et d’une prospérité commune.

Si de la sphère du droit public nous passons dans celle du droit privé, nous jouirons d’un spectacle non moins intéressant, et les sujets d’instruction s’offriront en foule.

La liberté individuelle est garantie en Amé-