sition des abolitionnistes a donné plus d’audace et de vivacité à la défense de l’esclavage. C’est au nom de la Bible et par l’exemple des patriarches, qu’on justifie un système qui foule aux pieds les droits du père et du mari, qui se joue de la pudeur des femmes, qui condamne des millions d’hommes à la misère et à l’ignorance. La loi défend de les instruire, car, dit naïvement le préambule : « Montrer aux esclaves à lire et à écrire, ne sert qu’à exciter le mécontentement dans leur cœur, et à produire l’esprit de rébellion. » Pour que le maître soit tranquille, il faut étouffer dans l’esclave le cœur et l’âme, tout ce qui n’est pas de l’animal. La paix de la Caroline est à ce prix.
On s’imagine souvent qu’on pourrait adoucir cette triste condition ; mais c’est une erreur. C’est la nature des choses qui fait la cruauté de l’esclavage. On peut sans doute remplacer la servitude par le servage, c’est-à-dire par une situation où l’ouvrier attaché au sol est, du reste, traité comme un homme ; mais l’esclavage, qui fait du nègre un animal domestique, n’admet ni plus ni moins. Reconnaître un seul droit à l’esclave, c’est en faire une personne, et, par conséquent, c’est d’un seul coup lui reconnaître tous les droits de l’individu. Respecte-t-on le mariage, il faut respecter le droit du père et nourrir les enfants ; mais alors le maître a tout intérêt à faire du nègre un ouvrier ou un métayer. La condition du sol change avec la con-