Et, en effet, la souveraineté du peuple n’est pas, en Amérique, une théorie abstraite et démentie dans la pratique ; une force dont on se sert pour fonder un gouvernement, et qu’ensuite on comprime comme un danger, jusqu’à ce qu’elle se révèle de nouveau par des explosions et des désastres. La souveraineté, aux États-Unis, est le grand ressort du gouvernement, et comme un régulateur qui ne s’arrête jamais[1] ; c’est bien le peuple qui gouverne et administre par des délégués librement et directement choisis, délégués doublement maintenus dans le respect de la souveraineté populaire, par une responsabilité toujours présente et par la fréquence des élections.
La constitution américaine n’est point démagogique. Il y a des moyens légaux pour éprouver la volonté populaire, l’épurer et la refroidir ; mais cette volonté, régulièrement manifestée, est prise comme la règle absolue du gouvernement. C’est un devoir de s’y soumettre, c’est un crime de s’y soustraire, et les décisions de la majorité sont adoptées sans résistance par une nation depuis longtemps habituée à respecter le jugement et la volonté du plus grand nombre. Le gouvernement est ainsi complètement démocratique ; par son organisation il est nécessairement identifié avec les
- ↑ Voy. la dernière leçon.