comme pour les seigneurs, le régime féodal dans toute sa pureté[1], et ce qui est plus curieux, superposé sur l’esclavage des noirs, que Locke admet sans discussion.
Tel était le gouvernement, ou plutôt telle était la société qu’un sage composait de toutes pièces et à l’avance, pour un pays où une poignée d’hommes, tous égaux par le travail, défrichaient péniblement, et à la sueur de leur corps, cette terre qu’un philosophe vouait, du fond de son cabinet, à une perpétuelle inégalité et à un servage éternel.
Pendant que Locke disposait, de façon aussi sommaire, de la grande majorité des citoyens de son État, il établissait un système de gouvernement des plus compliqués, au profit d’un petit nombre de nobles et de grands propriétaires.
Sans parler de la cour des lords propriétaires, investie du suprême pouvoir exécutif et présidée par le palatin, il y avait, pour l’administration de l’État, sept autres cours, présidées chacune par l’un des propriétaires, assisté de six conseillers à vie, dont quatre au moins étaient nobles :
1° Au chancelier, président né du parlement, appartenaient les affaires d’État, les rapports avec les Indiens, la religion et la police de la presse ; 2° au grand juge, les appels civils et criminels ; 3° au connétable, la guerre ; 4° à l’amiral et à sa
- ↑ Art. 22 et 23.