l’amour de l’indépendance qui porte le propriétaire à exiger la liberté absolue du sol. Dans un pays où l’individu est souverain, c’est un contresens qu’il y ait des terres assujetties. L’homme fait toujours la propriété à son image. C’est dans un État despotique, ou très-centralisé, là où le gouvernement est tout, où l’individu n’est qu’un rouage, c’est là que les doctrines communistes ont chance d’être accueillies ; mais dans un État où tout se rapporte, où tout se subordonne à l’individu, comme en Amérique, de pareilles doctrines révoltent au lieu de séduire, car on y sent bien que la liberté du sol est tout à la fois effet et cause de la liberté individuelle. C’est là une des raisons qui font de la République une excellente forme de gouvernement ; car, plus que tout autre système, elle aboutit à la décentralisation et à l’indépendance individuelle ; c’est l’organisation la plus fatale au communisme, rêve de quelques esprits ardents dont on exagère, je crois, le danger, dans un pays où la propriété se divise, c’est-à-dire, s’individualise chaque jour davantage.
Revenons à la plantation hollandaise. Cette constitution féodale de la propriété était mauvaise pour une colonie naissante ; c’était s’en remettre à l’ambition de quelques hommes, au lieu de faire concourir à la prospérité commune l’énergie de tous les citoyens. Aussi la plantation resta-t-elle languissante et pauvre, jusqu’au moment où une