murailles flottantes n’est pas dans la même condition que la France, placée en face de peuples qu’elle a souvent combattus, et on comprend aisément que les États-Unis, sans autre voisinage que celui du Canada ou des anciennes colonies espagnoles, et plus menaçants que menacés, n’aient aucun besoin d’une armée. Tout ce que je veux montrer, c’est que les Américains, comme tous les peuples libres, ont considéré les armées permanentes comme un danger, et qu’ils se sont réservé, avec une jalousie extrême, et comme le premier attribut du citoyen, le droit de porter les armes et de défendre seuls la patrie et la liberté.
C’est ainsi, du reste, que les anciens considéraient la chose. À Rome, par exemple, durant toute la république, il n’y eut point d’armée permanente, et on poussait si loin la défiance contre les soldats, on était si jaloux de ne laisser dans la ville d’autre puissance que celle des lois, qu’on prenait des précautions, même contre les citoyens. Quoique l’armée ne fût formée que de Romains, et de Romains propriétaires, on craignait cependant qu’un ambitieux ne tournât à son profit le respect de l’autorité, et cette vertu d’obéissance que les habitants de la ville éternelle poussaient à l’extrême. Il n’y avait point de soldats dans Rome ; c’était hors des murs que se réunissaient les citoyens en armes. Jamais non plus il n’y avait de général dans la ville. Une fois qu’il avait revêtu