Une autre institution qui achève de caractériser la Nouvelle-Angleterre, c’est la place qu’on y a toujours donné à l’éducation du peuple. C’est la gloire du protestantisme que ses auteurs reconnurent dès le premier jour l’importance et la sainteté de l’enseignement. Luther surtout comprit quelle est la force d’un pareil levier. Traduire la Bible, la mettre dans toutes les mains, élever jusqu’à ce livre sacré toutes les intelligences, ce fut pour lui une pensée constante, et la première condition de la réforme. Aussi a-t-il parlé de l’éducation avec cette ardeur qu’il portait en toutes les choses qui touchaient la religion.
Je voudrais, dit-il dans ses Propos de table, que personne ne pût être nommé prédicateur avant d’avoir été maître d’école… Le travail est grand, quoique le monde ne l’estime guère… Si je n’étais point prédicateur, je ne connais point d’état que je préférasse ; il ne faut point considérer comment le monde le paye et le considère, mais comment Dieu l’estime, et comment il le récompensera au dernier jour.
C’est Luther, c’est Mélanchthon son disciple, qui, en Allemagne, ont été les vrais fondateurs de l’enseignement du peuple, et leur pensée vit encore dans les écoles et chez les gouvernements d’outre-Rhin.
Mais si la réforme a donné le branle à l’éducation du peuple, la politique a complété cette œuvre, et on a bien senti en Amérique que là où