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solution empruntée des États-Unis ; c’était le moyen d’éviter des mesures violentes et dont la liberté souffre alors même que l’opinion y applaudit. En étudiant l’Amérique, pays pratique et de bon sens, je m’étais demandé quel était le vice de ces assemblées constituantes qui chez nous ne paraissent jamais que pour tromper à la fin les espérances qu’elles ont excitées au début. Et j’en étais arrivé à cette conviction, que ces assemblées constituantes, à qui nous donnons tous les pouvoirs, sont une chimère ; ce que serait en physiologie un système qui suspendrait la vie du malade pour renouveler un tempérament épuisé. Quand le remède serait trouvé, il y a longtemps que le patient serait mort. Les assemblées constituantes, à qui nous remettons le despotisme pour qu’elles organisent la liberté, c’est quelque chose d’aussi fou que la quadrature du cercle ; en Amérique, au contraire, on a résolu le problème : on touche à la constitution sans rien changer à la marche du pays, sans donner aux chambres des pouvoirs extraordinaires, sans troubler les esprits, sans arrêter les affaires, et il n’est guère d’année où, sur quelque point des États-Unis, on ne réunisse une Convention. Ce nom de sinistre mémoire est là-bas un nom innocent, parce qu’on y a toujours su renfermer les assemblées dans le cercle étroit d’un devoir bien tracé.